Dans les usines souvent endommagées par la guerre et qui manquent de personnel, les techniciens doivent adapter leurs technologies à des matières premières mal connues, de qualité souvent douteuse et se trouvent confrontés à des problèmes entièrement nouveaux comme celui de la corrosion du matériel par les produits soufrés du colza ou celui de produits s’apparentant plus aux briques qu’au savon puisque les savons finiront en 1944 par contenir 90% de charge minérale.
Or, à cette époque, les spécialistes français des corps gras, chercheurs, hommes de laboratoire, techniciens d’usine sont presque totalement coupés de leurs collègues étrangers et même dans un pays coupé en trois « zones » par des « frontières » difficilement franchissables, de leurs collègues français. il n’y a plus de rencontres internationales et il est quasiment impossible de se procurer des revues scientifiques étrangères.
Cependant, le ravitaillement en corps gras de la population, très insuffisant (la ration officielle tombe à 10g par jour et n’est pas toujours honorée), ne peut être maintenu que par le développement de la recherche et de l’innovation. Dans ce but, deux instituts de recherche sont créés à l’initiative des pouvoirs publics :
• L’Institut Technique d’Etudes et de Recherches sur les Corps Gras (ITERG) dont les missions sont essentiellement industrielles et de formation
• L’Institut de Recherche pour les Huiles et Oléagineux (IRHO) à vocation plus agronomique.
Mais ces deux centres techniques dont le fonctionnement est placé sous le contrôle des pouvoirs publics ne sont pas conçus pour permettre des échanges d’idées et des rencontres entre tous les intervenants des industries des corps gras.
Aussi, certains d’entre eux, en premier Jean Ripert, Directeur de la Société Thibaud-Gibbs estiment souhaitable d’y adjoindre une association où ils pourront se rencontrer pour confronter leurs expériences et les solutions apportées aux multiples problèmes de l’époque.